📝Résorptions dentaires chez le chat - Feuille de sortie
- Charles Rochette
- 9 janv. 2024
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 févr. 2024
Introduction:
La pathologie de la résorption dentaire chez les félins représente un défi majeur en médecine vétérinaire. Ces altérations dentaires, également connues sous le nom de lésions odontoclastiques résorptives félines, ciblent les composants calcifiés de la dent - l'émail, le cément, et la dentine - et entraînent la formation de cavités destructrices. Caractérisées par une sensibilité dentaire exacerbée et souvent douloureuse, ces lésions se développent graduellement et peuvent conduire à une dégradation complète des racines ou à la fracture de la couronne dentaire, impactant gravement le bien-être de l'animal.
Étiologie:
Les résorptions dentaires chez les chats, une pathologie aussi connue sous le nom de lésions odontoclastiques résorptives félines, touchent les composants calcifiés de la dent et entraînent la formation de cavités destructrices. Bien que la cause exacte reste inconnue, diverses hypothèses ont été proposées pour expliquer cette affection. Des études ont suggéré que l'activation anormale des odontoclastes, des cellules responsables de la remodelage normal de la structure dentaire, joue un rôle clé dans le processus de résorption. Cependant, ce qui active ces odontoclastes demeure un mystère. Des hypothèses telles que des blessures d'abfraction dues à la consommation d'aliments durs et un excès de vitamine D dans l'alimentation ont été proposées, mais aucune n'a été définitivement prouvée. La prévalence de cette condition chez les chats varie de 20 à 75%, touchant principalement les individus âgés de 4 à 6 ans, et étant rare chez les jeunes chats de moins de 2 ans. Une étude récente sur la résorption dentaire chez les chats a analysé la gravité de la maladie en relation avec l'âge, le sexe, la race et la présentation clinique des chats. Elle a révélé que le sexe et la race n'influent pas sur la gravité de la maladie, mais que celle-ci progresse avec l'âge. Les lésions sont principalement observées sur les troisièmes et quatrièmes prémolaires maxillaires ainsi que sur les molaires mandibulaires. Cette prévalence suggère que des facteurs liés à l'âge pourraient jouer un rôle dans l'émergence des résorptions dentaires, soulignant l'importance des examens dentaires réguliers, en particulier pour les chats plus âgés.
Symptômes:
Les symptômes principaux des résorptions dentaires chez les chats se manifestent souvent par une douleur significative. Parmi les signes observables, on note le refus de nourriture sèche, une diminution de l'appétit, ou la chute de nourriture de la bouche pendant l'alimentation. Il est important de noter qu'aucune corrélation directe n'a été établie entre l'intensité ou la gravité des lésions et les symptômes cliniques observés chez les chats affectés. Par conséquent, même de petites lésions peuvent être extrêmement douloureuses. L'absence de dents visibles peut également être un indicateur. Diagnostiquer ces lésions chez un chat éveillé s'avère très difficile, souvent compliqué par la présence de gencives enflammées ou de tissu granulaire rougeâtre. Cette complexité diagnostique souligne l'importance d'effectuer des examens dentaires réguliers et de surveiller attentivement le comportement alimentaire du chat pour détecter tout signe de douleur ou d'inconfort buccal.
Diagnostic:
Le diagnostic précis des lésions odontoclastiques résorptives félines nécessite un examen dentaire complet sous anesthésie générale, complémenté par des radiographies dentaires de toutes les dents. Ces radiographies sont essentielles car une proportion importante de ces lésions n'est visible que par cet examen. Des études ont démontré que certaines lésions de résorption dentaire chez les chats sont exclusivement localisées aux racines, les rendant invisibles lors d'un examen oral standard. L'importance des radiographies dans le diagnostic de la résorption dentaire est soutenue par des données statistiques. Par exemple, une étude a montré que les lésions de résorption dentaire sont fréquentes dans la population féline, avec des variations selon l'âge et la région géographique. Ces informations soulignent l'importance de réaliser régulièrement des radiographies dentaires pour une détection précoce et une gestion efficace des lésions, particulièrement chez les chats âgés, chez qui la prévalence est plus élevée. La radiographie dentaire fournit une image détaillée et exhaustive de toutes les dents, y compris des zones invisibles à l'œil nu, ce qui est crucial car la résorption dentaire peut affecter n'importe quelle dent, souvent de façon asymptomatique dans les premiers stades. Ainsi, l'utilisation des radiographies dentaires est indispensable pour un diagnostic complet et précis.
Traitement:
Le traitement des lésions odontoclastiques résorptives félines nécessite une approche spécifique, qui se distingue nettement de celle utilisée pour les caries traditionnelles en dentisterie humaine. Ces lésions ne résultent pas d'une infection bactérienne, ce qui rend les méthodes de traitement habituelles, telles que les restaurations dentaires classiques, inappropriées pour leur prise en charge.
L'extraction des dents affectées est généralement le traitement privilégié. Cette méthode vise à atténuer la douleur et à prévenir l'avancement de la maladie. Il est important de noter que dans certains cas, notamment lorsqu'il y a ankylose totale de la racine avec substitution osseuse, il est possible de laisser un fragment de la racine en place sans risque pour l'animal. Ce fragment se transforme progressivement en os.
La classification des lésions est cruciale pour orienter le traitement. On distingue trois types principaux de lésions odontoclastiques résorptives félines, différenciées par leur aspect radiographique:
Lésions de type 1: Ces lésions montrent une résorption de la structure radiculaire sans remplacement osseux.
Lésions de type 2: Ces lésions se caractérisent par un remplacement significatif de la structure dentaire perdue par de l'os.
Lésions de type 3: Ces lésions combinent des caractéristiques des types 1 et 2, certaines parties de la dent présentant des signes de type 1 et d'autres, de type 2.
Le traitement adéquat dépend du type de lésion, identifié par examen radiographique. Par exemple, les lésions de type 2 peuvent parfois être traitées par amputation de la couronne, tandis que les lésions de type 1 nécessitent généralement une extraction totale. Dans tous les cas, la dent affectée est perdue.
Prévention:
Actuellement, il n'existe pas de méthode prouvée pour prévenir les résorptions dentaires. Cependant, des mesures peuvent être prises pour optimiser la santé dentaire et détecter précocement les problèmes, telles que des examens dentaires réguliers, une hygiène dentaire à domicile, une alimentation adaptée et une surveillance attentive du comportement alimentaire. Les radiographies périodiques sont également recommandées pour détecter les lésions invisibles à l'examen standard.
Pronostic:
Le pronostic varie selon l'étendue et la sévérité des lésions au moment du diagnostic. Une intervention rapide est essentielle pour le confort du chat, avec souvent la nécessité d'extraire les dents affectées. Le pronostic à long terme dépend de la détection et du traitement précoces, bien que de nouvelles résorptions puissent survenir nécessitant une surveillance continue.
Conclusion:
En somme, les résorptions dentaires chez les chats représentent une affection complexe et douloureuse. Ces lésions, affectant les composants calcifiés des dents, peuvent causer une douleur intense et altérer significativement la qualité de vie de l'animal. L'extraction des dents touchées est souvent la meilleure option de traitement, visant à soulager la douleur et à améliorer le bien-être du chat. Un diagnostic précoce et précis, principalement par radiographie, est essentiel pour une prise en charge efficace. Bien qu'il n'existe pas de méthodes préventives éprouvées, des examens dentaires réguliers, une bonne hygiène bucco-dentaire et une surveillance attentive sont essentiels pour le confort et la santé dentaire des chats. Au final, le bien-être et le confort de l'animal doivent rester au cœur de toute intervention thérapeutique.
Charles Vétérinaire
Vétérinaire à Montréal
514-444-5118
𝘤𝘩𝘢𝘳𝘭𝘦𝘴𝘷𝘦𝘵.𝘤𝘰𝘮