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📝Rupture du ligament croisé crânial (RLCC) - Feuille de sortie

Dernière mise à jour : 11 févr. 2024

Introduction:

Le ligament croisé crânial chez le chien est l'équivalent du ligament croisé antérieur chez l'homme. Il joue un rôle essentiel dans la stabilisation de l'articulation du genou (aussi appelée articulation fémoro-tibiale ou grasset). Le ménisque, une couche de cartilage en forme de croissant située dans cette articulation, est crucial pour absorber les forces d'impact et répartir le poids corporel sur l'articulation. La rupture du ligament croisé crânial (RLCC) est une affection courante chez les chiens. Elle entraine une boiterie, de la douleur et éventuellement de l'arthrose. Alors que chez l'humain, les lésions ligamentaires surviennent souvent en raison d'un traumatisme aigu, la pathologie canine est généralement le résultat d'une dégénérescence progressive du ligament.


Étiologie:

De nombreux facteurs influencent le risque de rupture du ligament croisé crânial chez le chien, y compris l'âge, la génétique, l'état de santé général, l'obésité, la structure squelettique et la race du chien. Certaines races, telles que le Labrador Retriever, le Rottweiler, le Golden Retriever, le Bouledogue Anglais, le Terre-Neuve, le Berger Allemand, le Staffordshire Terrier, l'Akita, le Mastiff et le Basset Hound sont plus susceptibles de développer une rupture du ligament croisé crânial. Toutefois, il est important de souligner que tous les chiens, indépendamment de leur race ou leur taille, peuvent être touchés.


Il existe un débat dans la littérature scientifique concernant le lien potentiel entre l'âge de la stérilisation et le développement de la rupture du ligament croisé crânial chez le chien. Certains chercheurs suggèrent que la stérilisation précoce, en particulier avant l'âge d'un an, pourrait être associée à une augmentation du risque de rupture du ligament croisé crânial. L'une des théories est que la stérilisation précoce peut affecter le développement osseux et ligamentaire en modifiant les niveaux hormonaux, ce qui peut ensuite prédisposer le chien à des lésions ligamentaires. En revanche, d'autres études n'ont pas trouvé de corrélation significative entre l'âge de la stérilisation et la rupture du ligament croisé crânial. Il est important de noter que la majorité des études sur ce sujet ne sont pas concluantes et que des facteurs supplémentaires tels que la race, la génétique, et le mode de vie doivent également être pris en compte lors de l'évaluation du risque de cette pathologie. Par conséquent, bien que la stérilisation puisse être un facteur à considérer dans le contexte de la rupture du ligament croisé crânial, elle ne doit pas être envisagée comme le seul facteur de risque, et les décisions concernant la stérilisation devraient être prises sur la base d'une évaluation globale de chaque animal individuel.


Symptômes:

Les signes cliniques observables incluent des difficultés à se lever, des limitations à sauter, et une boiterie d'intensité variable.


  • Boiterie: Une boiterie d'intensité variable, souvent plus prononcée après le repos.

  • Douleur  Sensibilité ou douleur au niveau de l'articulation du genou.

  • Difficulté à se lever: Le chien peut avoir du mal à se lever après avoir été couché ou assis.

  • Limitations dans les mouvements: Difficultés à sauter ou à monter des escaliers.

  • Gonflement de l'articulation: Présence d'un gonflement autour du genou.

  • Changement de comportement: Diminution de l'activité, réticence à jouer ou à exercer des activités habituelles.


Diagnostic:

Le diagnostic de la rupture du ligament croisé crânial est typiquement posé par un vétérinaire à l'aide d'une série d'examens, incluant un examen orthopédique, des radiographies, et des manœuvres de palpation spécifiques pour évaluer l'intégrité du ligament.


  1. Mouvement de tiroir: Le mouvement de tiroir est un test clinique souvent utilisé par les vétérinaires pour diagnostiquer la rupture du ligament croisé crânial chez les chiens. Ce test consiste à maintenir le fémur du chien en position fixe tout en essayant de déplacer le tibia vers l'avant et l'arrière, simulant ainsi un mouvement de tiroir. Un mouvement anormal ou excessif indique généralement une instabilité ligamentaire, souvent causée par une rupture du ligament croisé crânial.

  2. Douleur à l'hyperextension: En ce qui concerne la douleur, une douleur à l'hyperextension peut être un autre indicateur d'une lésion ligamentaire. Lorsqu'un vétérinaire étire l'articulation du genou à un degré d'extension supérieur à la normale, une réaction de douleur ou de résistance de la part du chien est souvent interprétée comme un signe de blessure. Cependant, ce test doit être réalisé avec précaution pour éviter d'aggraver toute lésion existante aux ménisques.

  3. Radiologie: Enfin, les changements radiographiques peuvent fournir des indices supplémentaires sur la gravité de l'affection. Bien que la radiographie standard ne puisse pas visualiser directement les ligaments, elle peut révéler des signes secondaires d'une rupture du ligament croisé crânial, tels qu'un épanchement articulaire, des modifications de la position relative du fémur et du tibia, ou, en cas de présence prolongée de la condition, des signes d'arthrose comme la formation de nouveaux os ou de « becs de perroquet » aux bords de l'articulation. Ces indices radiographiques sont souvent utilisés conjointement avec d'autres méthodes diagnostiques pour évaluer l'intégrité de l'articulation.


Traitement:

Le choix du traitement pour la rupture du ligament croisé crânial est conditionné par une multitude de facteurs, notamment la taille, l'âge, l'état de santé et le niveau d'activité physique de l'animal. Les modalités chirurgicales sont diversifiées et adaptées à chaque cas, mais généralement deux techniques sont utilisées: l'ostéotomie de nivellement du plateau tibial (TPLO) et la technique de « Flo modifié ».


  1. L'Ostéotomie de nivellement du plateau tibial (Tibial Plateau Leveling Osteotomy, ou TPLO): Cette technique chirurgicale d'ostéotomie a pour objectif de stabiliser l'articulation du genou en modifiant la géométrie de l'os du tibia. Cette méthode consiste à effectuer une coupe dans le plateau tibial afin de pouvoir le pivoter. Le plateau est ensuite fixé dans sa nouvelle position à l'aide de plaques et de vis. L'idée est de neutraliser la force de poussée crâniale tibiale, éliminant ainsi le besoin du ligament croisé crânial pour stabiliser l'articulation. Cette technique est la technique privilégiée, particulièrement lorsque l'animal est de grande taille ou très actif. La période de réhabilitation est relativement rapide, et les résultats à long terme sont généralement excellents.

  2. La technique de « Flo modifié »: Cette méthode repose sur l'implantation d'une prothèse extra-articulaire qui simule la fonction du ligament, favorisant ainsi la formation de tissu fibreux autour de la prothèse et, par extension, de l'articulation du genou. Cette technique s'avère davantage envisageable pour les chiens de petite taille, car chez les races plus grandes, le risque de rupture de la prothèse extra-articulaire est significativement plus élevé. Bien que ces méthodes puissent être efficaces à court terme, elles tendent à produire des résultats moins stables et moins prévisibles sur le long terme, surtout en comparaison avec l'ostéotomie de nivellement du plateau tibial (TPLO). La TPLO demeure le "gold standard" pour la stabilisation du genou lors de rupture du ligament croisé crânial.

  3. Les stratégies médicales: Ces stratégies visent principalement à diminuer l'inflammation et à soulager la douleur. Elles ne devraient être considérées que lorsque la chirurgie n'est pas possible. Ces stratégies incluent la prescription d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), l'utilisation d'antidouleurs tels que les opioïdes et les gabanoïdes, des changements dans les habitudes d'exercice, l'administration de suppléments articulaires comme la glucosamine et la chondroïtine, ainsi que des thérapies de réhabilitation physique. Il est important de souligner que l'efficacité de l'utilisation d'orthèses destinées à stabiliser le genou chez les chiens souffrant de rupture du ligament croisé crânial n'a pas été démontrée. En effet, même si les orthèses sont efficaces chez l'humain, la biomécanique du genou du chien est complètement différente, rendant ces dispositifs de support externe inefficaces pour stabiliser l'articulation. De plus, l'utilisation d'une othèse peut entraîner d'autres complications, telles que des infections, des réactions inflammatoires, ou même une dégradation plus rapide de l'articulation en raison de mauvais ajustements ou de frottements anormaux.


Le choix entre ces différentes techniques chirurgicales dépend principalement des ressources financières disponibles. Dans la majorité des cas, la TPLO reste la technique privilégiée. Cependant, lorsque la TPLO n'est pas envisageable d'un point de vue financier et que l'animal est peu actif et de petite taille, la technique de la "Flo modifiée" peut être une alternative. Certains généralistes pratiquent même cette technique, ce qui peut aider à réduire le coût de l'opération. En dernier recours, si la chirurgie n'est pas une option financièrement viable, des stratégies médicales peuvent être envisagées. Il est crucial de comprendre que cela ne constitue pas la solution idéale. Le traitement médical ne devrait être considéré que lorsque la chirurgie n'est pas réalisable pour des raisons financières. L'instabilité du genou persistant, l'animal souffrira non seulement de douleurs chroniques, mais à terme, de l'arthrose s'installera dans l'articulation, aggravant la douleur. Une fois l'arthrose installée, toute intervention chirurgicale ultérieure peut devenir impossible. Il s'agit donc d'une décision à prendre avec sérieux.


Prévention:

La prévention de la rupture du ligament croisé crânial chez les chiens exige une stratégie globale. La gestion du poids est primordiale pour éviter l'obésité, un facteur de risque significatif. Un programme d'exercices adapté à l'âge et à la condition physique du chien est crucial pour renforcer les muscles autour du genou. En ce qui concerne la stérilisation, des études récentes suggèrent qu'une stérilisation réalisée à un âge plus avancé, à un voir même jusqu'à deux ans, pourrait diminuer le risque de rupture du ligament croisé crânial. Ceci est particulièrement important pour les chiens de grande taille ou ceux ayant une prédisposition à la rupture du ligament croisé crânial. Cependant, il est essentiel de considérer divers facteurs, tels que la race, la taille et les problèmes de santé spécifiques, pour déterminer l'âge idéal de stérilisation. Par conséquent, il est vivement recommandé de consulter votre vétérinaire pour discuter de l'âge de stérilisation, permettant ainsi de prendre une décision bien informée et adaptée aux besoins uniques de votre chien.


Pronostic:

Le pronostic suite à une chirurgie de type TPLO est généralement très positif. Dans la majorité des cas, le chien récupère ses capacités sportives, et ce, comme s'il n'avait jamais subi de rupture du ligament croisé crânial. Concernant la technique de la "Flo modifiée", elle offre un pronostic favorable chez les chiens de petite race, bien que la TPLO demeure le premier choix en raison de sa plus grande efficacité et de meilleurs résultats à long terme.


Il est important de souligner qu'environ la moitié des chiens ayant subi une rupture du ligament croisé crânial dans un genou pourraient également expérimenter une rupture similaire dans le genou opposé au cours de leur vie. Cette situation peut s'expliquer par le fait que les mêmes facteurs de risque, tels que la génétique, le vieillissement du ligament, la conformation osseuse et le poids du corps, affectent souvent les deux genoux de manière comparable. De plus, une lésion du ligament croisé crânial peut causer une distribution inégale du poids et des contraintes mécaniques accrues, augmentant ainsi le risque de rupture du ligament dans l'autre genou.


Conclusion:

En résumé, la rupture du ligament croisé crânial chez les chiens est une pathologie complexe et assez courante nécessitant une vigilance accrue. Identifier rapidement les symptômes tels que la boiterie et la douleur est crucial pour un diagnostic et un traitement précoces. Les options thérapeutiques varient selon plusieurs critères, y compris la taille, l'âge et l'état de santé général du chien, avec souvent une préférence pour des procédures chirurgicales telles que la TPLO. La prévention est également fondamentale, comprenant la gestion du poids, un programme d'exercices adaptés et une considération soignée de l'âge idéal pour la stérilisation, en particulier pour les races de grande taille ou prédisposées à la rupture du ligament croisé crânial. La prise de décisions informées, en étroite collaboration avec votre vétérinaire, est primordiale pour assurer le bien-être et préserver une qualité de vie élevée pour votre compagnon à quatre pattes.


Charles Vétérinaire

Vétérinaire à Montréal

514-444-5118

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