📝Lipidose hépatique - Feuille de sortie
- Charles Rochette
- 1 nov. 2023
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 nov. 2024

Introduction:
La lipidose hépatique, également connue sous le nom de stéatose hépatique, est une affection hépatique grave et potentiellement mortelle chez les chats. Elle se caractérise par une accumulation excessive de graisse dans les cellules hépatiques, entraînant une perturbation significative des fonctions hépatiques. Cette maladie est particulièrement courante chez les chats en surpoids ou obèses. Le déclencheur principal de la lipidose hépatique est souvent une anorexie prolongée, qui peut être causée par une variété de facteurs, notamment le stress lié à des changements environnementaux ou des maladies sous-jacentes. Les chats obèses sont plus susceptibles de développer cette condition en raison de leur tendance à accumuler plus de graisse dans le foie lors de périodes de jeûne ou de réduction de l'apport alimentaire.
Étiologie:
L'étiologie de la lipidose hépatique chez les chats implique plusieurs facteurs. Bien que le mécanisme exact reste à élucider, on sait que le stress, les changements environnementaux, les maladies sous-jacentes, et surtout l'anorexie, jouent un rôle crucial. L'anorexie entraîne une mobilisation excessive des réserves de graisse vers le foie pour fournir de l'énergie, ce qui aboutit à une surcharge graisseuse dans les cellules hépatiques. Chez les chats obèses, ce processus est amplifié, rendant leur foie plus vulnérable à la stéatose en cas de réduction soudaine de l'apport calorique.
Symptômes:
Les symptômes de la lipidose hépatique chez les chats incluent une réduction marquée de l'appétit, une perte de poids rapide et significative, une léthargie, une jaunisse (icterus), qui se manifeste par une coloration jaune de la sclère des yeux, des muqueuses buccales et de la peau, ainsi que des épisodes de vomissements. Ces signes cliniques peuvent varier en intensité et doivent être pris au sérieux dès leur apparition
Diagnostic:
Le diagnostic de la lipidose hépatique chez les chats repose sur une combinaison de signes cliniques et de tests diagnostiques. La présence d'une jaunisse suggère une accumulation excessive de bilirubine dans le sang, qui peut être due à des problèmes pré-hépatiques (comme la destruction des globules rouges), hépatiques ou post-hépatiques (comme une obstruction biliaire). Des analyses sanguines montrant des valeurs hépatiques élevées orientent vers une cause hépatique ou post-hépatique. L'échographie hépatique joue un rôle crucial dans le diagnostic en permettant d'identifier spécifiquement la stéatose hépatique et d'exclure d'autres causes hépatiques ou post-hépatique.
Traitement:
La gestion efficace de la lipidose hépatique repose sur une restauration nutritionnelle agressive et soutenue, essentielle pour inverser le processus pathologique. Le gavage, ou alimentation assistée, est la pierre angulaire du traitement. Ce gavage peut être réalisé à l'aide d'un tube œsophagien ou nasogastrique, ou à la seringue, en fonction de la gravité de la maladie.
Outre l'alimentation assistée, des mesures supplémentaires telles que le soutien de la fonction hépatique par des suppléments, la gestion des nausées/vomissements et l'utilisation de stimulants d'appétit peuvent s'avérer nécessaires. Si une condition sous-jacente à la lipidose hépatique est identifiée, il est essentiel de l'adresser de façon concomitante. La surveillance continue de l'état de santé du chat, incluant l'évaluation de l'apport nutritionnel et des analyses sanguines régulières (idéalement hebdomadaires) pour vérifier l'évolution des valeurs hépatiques, est cruciale pour ajuster le traitement en fonction de la progression de la maladie et de la réponse du patient. Bien que le traitement puisse être long, s'il est effectué adéquatement, la lipidose hépatique peut être renversée et l'animal peut s'en remettre complètement.
Restauration nutritionnelle: Pour traiter la lipidose hépatique chez les chats, il est essentiel de déterminer leur apport calorique quotidien en utilisant la formule: Besoins en kcal = 30×(poids santé en kg) + 70. Par exemple, un chat ayant un poids santé de 4kg nécessite 190kcal par jour. Ensuite, selon la nourriture utilisée, on calcule la quantité correspondante pour cet apport calorique. Dans la gestion de la lipidose hépatique, il est crucial d'aller au-delà des besoins de base, en augmentant progressivement les portions sur 5 jours jusqu'à atteindre 1,5 fois ces besoins. Cette approche assure une adaptation sécuritaire du système digestif du chat et un gain de poids stable. Souvent, les propriétaires sous-estiment la quantité nécessaire pour le gavage, risquant ainsi d'entraver la récupération. Pour le gavage, des aliments thérapeutiques spécifiques, tels que le A/D de Hill's (156kcal/canne) et le Convalescence Support de Royal Canin (143kcal/canne), sont recommandés, car ils sont formulés pour répondre aux besoins des chats en convalescence.
Soutien de la fonction hépatique: Dans la prise en charge médicale d'un chat atteint de lipidose hépatique, l'intégration de protecteurs hépatiques dans le traitement est souvent recommandée. Des suppléments tels que le S-Adénosylméthionine (SAMe) et la silymarine sont bénéfiques pour favoriser la régénération hépatique. Ces suppléments aident non seulement à soutenir la fonction hépatique, mais peuvent également accélérer le processus de guérison.
Gestion des nausées: Le Maropitant est un médicament efficace pour contrer les nausées et les vomissements associés à la lipidose hépatique chez le chat. Il aide à réduire les épisodes de vomissement et améliore la tolérance à l'alimentation. Son action dans la diminution des nausées facilite l'alimentation assistée et encourage l'animal à reprendre progressivement une alimentation autonome, un aspect crucial pour un rétablissement complet.
Stimulants d'appétit: Ces médicaments aide à raviver l'intérêt du chat pour la nourriture. Ils facilitent ainsi la transition vers une alimentation autonome, ce qui est une moment crucial du rétablissement.
Retour à une alimentation autonome: Dans le processus de gavage, il est crucial d'encourager le chat à reprendre une alimentation autonome. Il est recommandé de laisser en permanence à sa disposition un choix varié de nourriture qu'il peut consommer seul, en complément du gavage. Les chats peuvent développer une aversion pour la nourriture de gavage; il est donc important de varier les options alimentaires. Par exemple, si le chat est gavé avec la nourriture A/D de Hills, offrez-lui le Convalescence Support de Royal Canin pour ses repas libres, et inversement. Cette stratégie facilite la transition vers une alimentation autonome tout en préservant le bien-être psychologique du chat, en évitant qu'il associe toute nourriture à l'expérience du gavage.
Suivi et analyses sanguines: Pour le traitement de la lipidose hépatique, un suivi régulier est essentiel. Des bilans sanguins hebdomadaires sont indispensables pour surveiller l'évolution des fonctions hépatiques. Cette approche permet de suivre de près l'état de santé du chat et d'ajuster le traitement en fonction de l'évolution de sa condition.
Prévention:
La prévention de la lipidose hépatique chez les chats repose essentiellement sur le maintien d'un poids corporel sain et la gestion des facteurs de stress. Une alimentation équilibrée et régulière, adaptée aux besoins spécifiques de chaque chat, est cruciale. Il est important d'éviter les périodes de jeûne prolongées, surtout chez les chats en surpoids ou obèses. De plus, une surveillance attentive du comportement alimentaire du chat, en particulier dans les situations de stress ou de changement (comme un déménagement, l'arrivée d'un nouvel animal dans la maison, ou des modifications dans l'environnement quotidien), peut aider à détecter précocement les signes d'anorexie. Les chats étant des créatures de routine, il est conseillé de minimiser les perturbations dans leur environnement pour réduire le stress.
Pronostic:
Le pronostic de la lipidose hépatique chez les chats dépend grandement de la rapidité de détection et de l'adhésion rigoureuse au traitement prescrit, y compris les gavages, par le propriétaire. Plus tôt la maladie est diagnostiquée, meilleur est le pronostic. De plus, l'observance stricte des gavages par les propriétaires, constituant l'élément central du traitement, augmente les chances de rétablissement de l'animal. Cependant, il est important de noter que la période de récupération peut varier considérablement, s'étendant souvent sur plusieurs semaines à quelques mois, avec une moyenne de 4 à 8 semaines pour les cas les plus sévères. Bien que cette période de traitement puisse paraître longue, il est essentiel de rester patient et de s'engager dans un traitement rigoureux, car c'est grâce à cette persévérance qu'une amélioration significative de l'état de santé du chat peut être observée. La surveillance continue et l'ajustement du traitement en fonction de l'évolution clinique du chat et des résultats des bilans sanguins sont cruciaux pour son rétablissement.
Conclusion:
La lipidose hépatique est une condition sérieuse chez les chats qui nécessite une attention médicale immédiate et un traitement intensif. La clé de la gestion réussie de cette maladie repose sur une intervention rapide, une restauration nutritionnelle agressive, et un suivi régulier de la santé de l'animal. Avec un traitement approprié et un engagement envers les soins de l'animal, la lipidose hépatique peut être renversée, permettant au chat de retrouver une vie saine et équilibrée. Il est essentiel pour les propriétaires de comprendre l'importance de la prévention, notamment en maintenant un poids corporel sain chez leur chat et en gérant les facteurs de stress environnementaux. La collaboration entre les vétérinaires et les propriétaires d'animaux est cruciale pour assurer le bien-être et le rétablissement des chats affectés par cette condition.
Charles Vétérinaire
Vétérinaire à Montréal
514-444-5118
𝘤𝘩𝘢𝘳𝘭𝘦𝘴𝘷𝘦𝘵.𝘤𝘰𝘮