Rage chez le chat et le chien
- Brigitte St-Hilaire
- 17 juin 2023
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 févr. 2024

La rage est une maladie virale redoutable qui représente un danger mortel pour les chats et les chiens, ainsi que pour les humains. Elle est causée par un virus qui attaque le système nerveux central, menant à des dysfonctionnements neurologiques graves. La transmission se fait principalement par la salive d'animaux infectés, généralement à travers des morsures ou des griffures, mais peut aussi se produire via une exposition à des muqueuses ou des plaies ouvertes. Malgré son image emblématique dans la culture populaire, la rage est une réalité menaçante dans de nombreuses parties du monde, surtout où la vaccination des animaux de compagnie n'est pas systématique.
Symptômes:
La rage chez le chat et le chien se manifeste par une série de symptômes qui évoluent en plusieurs phases. Initialement, pendant la phase prodromique, les animaux peuvent afficher des comportements inhabituels, de l'agitation, de l'anxiété, une tendance à l'isolement et des signes généraux de malaise comme la fièvre ou la perte d'appétit. Cette phase peut durer de deux à trois jours avant de progresser vers des symptômes plus graves.
La phase d'excitation, ou phase furieuse, se caractérise par une augmentation de l'agressivité, une hyperactivité marquée, des désorientations et des comportements anormaux. Les animaux peuvent également présenter une hypersalivation et une difficulté à avaler, conduisant à l'image classique de l'hydrophobie. Cette phase est particulièrement dangereuse pour les humains et autres animaux car le risque de transmission du virus est accru.
Finalement, la phase paralytique marque le déclin de l'animal, caractérisé par une faiblesse musculaire progressive, une paralysie, et une détresse respiratoire menant inévitablement à la mort si un traitement n'est pas administré durant les premiers stades de la maladie.
Diagnostic:
Le diagnostic de la rage chez le chat et le chien repose sur une évaluation clinique détaillée, incluant l'observation des signes neurologiques, l'historique des expositions potentielles, et des tests de laboratoire. Bien que les signes cliniques puissent suggérer une infection par le virus de la rage, le diagnostic définitif est souvent confirmé post-mortem. La présence de corps de Negri, qui sont des inclusions cytoplasmiques pathognomoniques trouvées dans les neurones des animaux infectés, est considérée comme un indicateur diagnostique de la rage. Ces corps peuvent être observés au microscope après coloration spécifique des échantillons de tissu cérébral prélevés. En outre, les tests modernes comme la PCR (réaction en chaîne par polymérase) sont utilisés pour détecter l'ARN viral dans le tissu cérébral, et des tests sérologiques peuvent être réalisés pour identifier les anticorps contre le virus de la rage, bien que ces derniers soient plus fréquemment utilisés pour confirmer une réponse immunitaire après la vaccination plutôt que pour le diagnostic de la maladie active. Il est crucial de réaliser ces examens dans un environnement de laboratoire contrôlé, en raison du danger élevé de transmission du virus à l'homme.
Traitement:
Une fois qu'un animal présente des symptômes de la rage, il n'y a malheureusement aucun traitement curatif. Cependant, si un animal est suspecté d'avoir été exposé au virus de la rage, une intervention post-exposition immédiate est impérative. Cela comprend la vaccination post-exposition et, dans certains cas, l'administration d'immunoglobulines antirabiques. La gestion des symptômes et les soins palliatifs sont les seules options une fois que la maladie est en phase avancée.
Prévention:
La vaccination est le pilier de la prévention de la rage. Elle est fortement recommandée pour tous les chats et chiens et est souvent rendue obligatoire par la loi dans de nombreux pays. La vaccination préventive et les rappels réguliers forment une barrière efficace contre le virus de la rage et sont essentiels pour maintenir les animaux domestiques et la communauté en sécurité.
Pronostic:
Le pronostic pour un animal atteint de la rage est malheureusement très sombre une fois que les symptômes cliniques ont commencé à se manifester. La rage est presque invariablement fatale en raison de sa nature virulente et de l'absence de traitement efficace après l'apparition des symptômes. La détection précoce et l'intervention immédiate après l'exposition sont cruciales pour la survie. Les protocoles de vaccination post-exposition, lorsqu'ils sont administrés correctement et dans les délais, peuvent prévenir le développement de la maladie. La rapidité de l'action est donc un facteur déterminant dans le pronostic de la rage. Pour les animaux domestiques, une vaccination régulière et des rappels systématiques offrent une excellente protection contre le virus et contribuent à un pronostic préventif favorable. En revanche, une fois que l'animal développe la maladie, le pronostic devient défaillant et l'euthanasie est souvent pratiquée pour prévenir la souffrance de l'animal et le risque de transmission aux humains et à d'autres animaux.
En outre, il est crucial d'éviter le contact avec des animaux sauvages ou errants susceptibles de transmettre le virus. L'éducation des propriétaires d'animaux et des communautés sur les risques et les mesures de sécurité est une composante importante de la prévention de la rage.
Gestion légale des cas suspects de rage au Canada:
Selon la législation canadienne, la rage est classifiée comme une Maladie à Déclaration Obligatoire (MADO), ce qui signifie que tout cas suspect doit être signalé aux autorités sanitaires compétentes. Si un animal est suspecté d'avoir été en contact avec la rage, la loi exige une série d'actions spécifiques, qui varient selon le statut vaccinal de l'animal.
Pour les animaux vaccinés, si un contact avec un animal sauvage ou une exposition potentielle est suspecté, le protocole standard recommande une revaccination immédiate suivie d'une période d'observation. L'animal doit être observé pour des signes de la maladie pendant une durée spécifiée par les règlements locaux ou nationaux, qui est généralement de 45 jours.
Dans le cas d'un animal non vacciné, la situation est plus critique. Si l'exposition est confirmée, l'euthanasie est souvent recommandée pour prévenir la possibilité de transmission de la rage. Si l'euthanasie n'est pas effectuée, l'animal peut être soumis à une stricte quarantaine, qui peut durer jusqu'à six mois, pour surveiller l'apparition de symptômes, en plus d'une vaccination immédiate. La quarantaine doit être réalisée dans un établissement approuvé où l'animal peut être observé et où il ne présente pas de risque pour les autres animaux ou les humains.
Il est également important de noter que si une personne est mordue ou griffée par un animal suspecté d'être enragé, il y a des protocoles de santé publique spécifiques à suivre. La victime doit recevoir un traitement post-exposition immédiat, qui comprend des immunoglobulines spécifiques et une série de vaccinations contre la rage.
Ces mesures reflètent l'importance de la vaccination régulière contre la rage pour tous les animaux de compagnie, non seulement pour protéger la santé de l'animal mais aussi pour se conformer aux exigences de la santé publique. La coopération entre vétérinaires, propriétaires d'animaux et autorités de santé publique est essentielle pour assurer une réponse rapide et efficace aux cas suspects de rage, pour maintenir la santé publique et la sécurité des communautés au Canada.
Conclusion:
En résumé, la rage est une maladie grave qui exige une vigilance continue et des mesures de prévention rigoureuses. La vaccination régulière, l'évitement des animaux potentiellement infectés et une réponse rapide en cas d'exposition suspectée sont cruciaux pour contrôler cette maladie effrayante. Les vétérinaires jouent un rôle clé dans l'éducation, la prévention et la gestion de la rage, travaillant inlassablement pour protéger les animaux de compagnie et les communautés humaines contre cette menace persistante.
Charles Vétérinaire
Vétérinaire à Montréal
514-444-5118
𝘤𝘩𝘢𝘳𝘭𝘦𝘴𝘷𝘦𝘵.𝘤𝘰𝘮