📝Hypothyroïdie canine - Feuille de sortie
- Charles Rochette
- 31 oct. 2023
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 févr. 2024

Introduction:
L'hypothyroïdie chez les chiens est une affection endocrinienne courante qui se manifeste par une production insuffisante d'hormones thyroïdiennes par la glande thyroïde. Ces hormones jouent un rôle essentiel dans de nombreuses fonctions corporelles, notamment dans la régulation du métabolisme, la maintenance de la température corporelle et le soutien de la fonction cardiaque. Lorsque leur production est déficiente, les chiens peuvent présenter une gamme de symptômes impactant significativement leur qualité de vie.
Étiologie:
La cause la plus fréquente de l'hypothyroïdie chez les chiens est la thyroïdite lymphocytaire, un processus auto-immun où le système immunitaire de l'animal attaque et endommage la glande thyroïde. Cette condition a souvent une composante génétique, rendant certaines races de chiens plus prédisposées à développer cette maladie. Des recherches ont montré que les races comme le Golden Retriever, le Doberman Pinscher et le Beagle, entre autres, sont particulièrement susceptibles. En plus de la thyroïdite lymphocytaire, d'autres causes moins courantes peuvent inclure des anomalies congénitales de la glande thyroïde, des tumeurs thyroïdiennes, ou des effets secondaires de certains traitements médicaux. Il est crucial de noter que, bien que la condition puisse se manifester à tout âge, elle est le plus souvent diagnostiquée chez les chiens d'âge moyen à âgés.
Symptômes:
Les symptômes de l'hypothyroïdie chez les chiens sont divers et peuvent parfois être confondus avec d'autres pathologies. L'âge moyen d'apparition se situe entre 3 et 8 ans, bien que la maladie puisse survenir à tout âge.
La présentation clinique la plus courante inclut des symptômes:
Dermatologiques:
Perte de poils (alopécie), souvent symétrique et sans démangeaisons.
Pelage sec, terne et facilement cassant.
Hyperpigmentation de la peau, particulièrement dans les zones de frottement.
Susceptibilité accrue aux infections cutanées, notamment les infections bactériennes et fongiques.
Métaboliques:
Léthargie et réduction de l'activité physique.
Prise de poids inexpliquée, malgré un appétit normal ou réduit.
Intolérance au froid due à une diminution du métabolisme.
Cardiovasculaires:
Bradycardie (fréquence cardiaque anormalement basse).
Faiblesse générale et potentiellement un essoufflement.
Neuromusculaires:
Faiblesse musculaire et atrophie.
Trouble de la coordination (ataxie).
Comportementaux:
Changements dans le comportement, comme une augmentation de l'irritabilité ou une diminution de l'intérêt pour les activités habituelles.
Il est essentiel de souligner qu'un chien souffrant d'hypothyroïdie peut ne pas manifester l'ensemble des symptômes énumérés et que ces signes peuvent varier considérablement d'un individu à l'autre. De plus, ces symptômes ne sont pas spécifiques à l'hypothyroïdie et peuvent être observés dans d'autres affections. Ainsi, un diagnostic précis, établi à travers des analyses sanguines spécifiques, est indispensable pour différencier l'hypothyroïdie d'autres maladies présentant des signes cliniques semblables.
Diagnostic:
Le diagnostic commence généralement par une évaluation clinique approfondie. Pendant cette étape, le vétérinaire examine le chien pour les symptômes communs de l'hypothyroïdie, tels que la perte de poil, la léthargie, la prise de poids, et les problèmes dermatologiques. L'histoire médicale du chien, y compris son âge, sa race, et ses antécédents de santé, est également prise en compte, car certaines races sont plus susceptibles de développer cette condition, et l'âge peut influencer le type de symptômes présentés.
Une fois l'évaluation clinique terminée, le vétérinaire procède généralement à des tests de laboratoire pour mesurer les niveaux d'hormones thyroïdiennes dans le sang. Le test le plus courant est la mesure du niveau de thyroxine (T4) dans le sérum. Cependant, ce test peut être influencé par divers facteurs non liés à la fonction thyroïdienne, tels que d'autres maladies ou certains médicaments, ce qui peut conduire à des résultats faussement bas. Pour cette raison, il est souvent nécessaire de réaliser des tests supplémentaires.
Un test fréquemment utilisé en complément est la mesure de la TSH (hormone stimulant la thyroïde). Une TSH élevée combinée à un T4 bas est plus indicative de l'hypothyroïdie. Cependant, ce test n'est pas toujours concluant, car certains chiens atteints d'hypothyroïdie peuvent avoir des niveaux normaux de TSH.
D'autres tests, comme la mesure de la T4 libre (fT4) par dialyse à l'équilibre, peuvent être utilisés pour confirmer le diagnostic. La fT4 est considérée comme un indicateur plus fiable de la fonction thyroïdienne car elle n'est pas aussi affectée par des facteurs externes comme le T4 total. Cependant, ce test est plus coûteux.
Il est également possible de réaliser des tests d'anticorps anti-thyroïdiens pour détecter une thyroïdite auto-immune, bien que ces tests ne soient pas systématiquement effectués dans le cadre du diagnostic de routine.
Le principal avantage de cette approche diagnostique complète réside dans sa capacité à fournir une image précise de la fonction thyroïdienne, minimisant ainsi les risques de faux positifs ou négatifs qui peuvent survenir lorsqu'on se base sur un seul type de test. Toutefois, l'inconvénient majeur du diagnostic de l'hypothyroïdie est le coût élevé des tests. Ces derniers ne sont généralement pas effectués de manière routinière. La présence de signes cliniques compatibles avec l'hypothyroïdie, en l'absence d'anomalies aux différents tests sanguins standards, est souvent une indication pour procéder à des tests diagnostiques spécifiques de l'hypothyroïdie canine.
Traitement:
Le traitement de l'hypothyroïdie canine implique généralement l'administration de levothyroxine synthétique. La posologie doit être soigneusement ajustée en fonction du poids de l'animal et des résultats des tests de la fonction thyroïdienne. Pour une gestion optimale de la maladie, il est crucial de suivre régulièrement les niveaux d'hormones thyroïdiennes dans le sang.
Les tests sanguins doivent être effectués à intervalles réguliers, typiquement toutes les 4 à 6 semaines après le début du traitement, puis tous les 6 à 12 mois une fois le dosage stabilisé. Ces tests sont de préférence effectués 4 à 6 heures après l'administration de la levothyroxine, car c'est à ce moment que les niveaux d'hormones thyroïdiennes sont les plus représentatifs de l'efficacité du traitement.
Il est crucial de surveiller les signes d'un sous-traitement ou d'un surtraitement. Un sous-traitement, où la dose de levothyroxine est insuffisante, peut entraîner la persistance ou le retour des symptômes d'hypothyroïdie, tels que léthargie, prise de poids, et problèmes dermatologiques. D'un autre côté, un surtraitement, caractérisé par une dose excessive de levothyroxine, peut provoquer des symptômes d'hyperthyroïdie, tels qu'une perte de poids excessive, de l'hyperactivité, ou des troubles cardiaques comme la tachycardie. Ces conditions peuvent avoir des conséquences graves sur la santé du chien, soulignant l'importance d'un dosage précis et d'un suivi régulier.
Dans le cadre de la surveillance, il est également essentiel de prêter attention à la gestion du poids de l'animal, car les fluctuations de poids peuvent indiquer des anomalies dans le traitement. En plus des contrôles hormonaux, les chiens sous traitement pour l'hypothyroïdie doivent être examinés régulièrement pour des signes de problèmes cutanés ou de changements dans leur niveau d'énergie.
Prévention:
La prévention de l'hypothyroïdie chez les chiens s'axe principalement sur les aspects génétiques, étant donné la nature souvent héréditaire de cette maladie. Il est fortement recommandé de ne pas faire reproduire les chiens atteints d'hypothyroïdie ou ceux qui ont des antécédents familiaux de la maladie, pour réduire le risque de transmission génétique. En outre, une surveillance régulière de la santé thyroïdienne des races à risque peut permettre de détecter la maladie à un stade précoce.
Pronostic:
Le pronostic pour les chiens atteints d'hypothyroïdie est généralement bon avec un traitement adéquat. La majorité des chiens répondent bien à la supplémentation en hormones thyroïdiennes, avec une amélioration significative des symptômes. Il est essentiel de maintenir un suivi vétérinaire régulier pour ajuster le dosage de médicaments au besoin et surveiller d'éventuelles complications. Avec une gestion et un traitement appropriés, les chiens hypothyroïdiens peuvent jouir d'une qualité de vie normale et d'une espérance de vie similaire à celle des chiens non atteints.
Conclusion:
L'hypothyroïdie chez les chiens, bien que chronique, est une condition gérable grâce à un diagnostic précis et un traitement adapté. L'identification précoce des symptômes et une prise en charge régulière sont cruciales pour maintenir la qualité de vie de l'animal. Le traitement par levothyroxine synthétique, ajusté individuellement et surveillé par des tests sanguins réguliers, permet aux chiens atteints de mener une vie saine et active. Il est important de souligner la nécessité d'une collaboration étroite entre les vétérinaires et les propriétaires d'animaux pour assurer une gestion efficace de la maladie. Enfin, la prise en compte des aspects génétiques et la prévention de la reproduction des chiens affectés contribuent à réduire la prévalence de l'hypothyroïdie dans les populations canines. Ainsi, avec une approche proactive et informée, l'hypothyroïdie chez les chiens peut être traitée avec succès, permettant aux chiens affectés de vivre des vies longues et heureuses.
Charles Vétérinaire
Vétérinaire à Montréal
514-444-5118
𝘤𝘩𝘢𝘳𝘭𝘦𝘴𝘷𝘦𝘵.𝘤𝘰𝘮