top of page

📝Hyperthyroïdie chez les chats - Feuille de sortie

Dernière mise à jour : 11 févr. 2024

Introduction:

L'hyperthyroïdie féline, fréquemment diagnostiquée chez les chats âgés de plus de 8 ans, se caractérise par une production excessive d'hormones thyroïdiennes, principalement la thyroxine (T4), par la glande thyroïde. Cette maladie provoque une accélération des processus métaboliques, affectant ainsi divers systèmes de l'organisme du chat.


Étiologie:

L'hyperthyroïdie féline est principalement causée par une hyperplasie bénigne de la glande thyroïde, phénomène représentant la très grande majorité des cas. Bien que des tumeurs malignes de la thyroïde puissent se développer occasionnellement chez les chats, elles restent extrêmement rares dans la pratique clinique. L'âge avancé du chat est le principal facteur de risque de l'hyperthyroïdie.


Symptômes:

L'hyperthyroïdie chez les chats se manifeste par une variété de symptômes dont l'intensité et la présence varient d'un individu à l'autre. Les premiers changements comportementaux peuvent être subtils, tels qu'une nervosité ou une hyperactivité accrues, et peuvent parfois précéder les symptômes physiques plus évidents. Les symptômes physiques les plus courants comprennent une perte de poids malgré un appétit accru, une altération de la qualité du pelage, une soif excessive et une augmentation de la fréquence urinaire. Ces signes sont souvent accompagnés d'hyperactivité et peuvent également inclure des troubles digestifs comme des vomissements et de la diarrhée.


Au niveau physiologique, l'hyperthyroïdie peut entraîner de graves complications, y compris des troubles cardiaques tels que la cardiomyopathie hypertrophique, l'insuffisance rénale chronique et l'hypertension. Il est essentiel de reconnaître que l'impact de l'hyperthyroïdie dépasse les symptômes physiques, affectant aussi le bien-être comportemental et émotionnel du chat. Une gestion efficace de l'hyperthyroïdie est cruciale, non seulement pour atténuer les symptômes physiques mais aussi pour prévenir le développement de complications cardiaques et rénales, qui peuvent non seulement affecter la qualité de vie mais aussi réduire significativement l'espérance de vie de l'animal.


Diagnostic:

Un chat âgé qui perd rapidement du poids et montre une augmentation de l'activité ou de l'anxiété devrait nous alerter sur la possibilité qu'il souffre d'hyperthyroïdie. La palpation de la glande thyroïde, située dans le cou, peut révéler des nodules, bien que leur absence ne permette pas d'exclure le diagnostic d'hyperthyroïdie. L'examen inclut également une auscultation cardiaque pour détecter une accélération du rythme ou des souffles cardiaques, symptômes courants de l'hyperthyroïdie. Pour confirmer le diagnostic, un bilan sanguin est réalisé, centré sur les niveaux de l'hormone thyroïdienne T4. Des niveaux élevés suggèrent une hyperthyroïdie. D'autres tests vérifient l'état des reins et du foie, souvent impactés par cette condition. Une échographie cardiaque peut être recommandée pour examiner les effets potentiels de l'hyperthyroïdie sur le cœur. Cette procédure peut parfois être écartée pour des raisons économiques ou parce qu'un traitement précoce de l'hyperthyroïdie est susceptible de réverser les dommages cardiaques si ceux-ci sont peu importants. La décision d'inclure une échographie cardiaque devrait être prise en concertation avec le vétérinaire traitant, en fonction de chaque situation spécifique.


Traitement et considérations à comprendre:

Les options de traitement de l'hyperthyroïdie féline comprennent des régimes spécifiques faibles en iode, des médicaments tels que le méthimazole, et un traitement définitif à l'iode radioactif. Chacune de ces méthodes présente des avantages et des inconvénients distincts. Il est crucial, avant d'explorer ces différentes modalités de traitement, de comprendre certaines particularités spécifiques au traitement de l'hyperthyroïdie.


En effet, l'hyperthyroïdie féline augmente la pression sanguine et peut entraîner des dommages rénaux irréversibles. L'hypertension associée à l'hyperthyroïdie augmente le taux de filtration rénale, ce qui peut masquer les signes de dommages rénaux dans les premières analyses de sang lorsque l'hyperthyroïdie n'est pas contrôlée. Au début d'un traitement de l'hyperthyroïdie, une insuffisance rénale, précédemment dissimulée par cette condition, peut être découverte. Dans ce contexte, il est essentiel de comprendre qu'un suivi des valeurs rénales doit toujours être effectué après le début d'un traitement de l'hyperthyroïdie, lors des dosages de suivi de T4. Les patients atteints d'insuffisance rénale concomitante peuvent se révéler plus difficiles à traiter, car la fonction rénale peut être partiellement soutenue par le taux métabolique élevé induit par l'hyperthyroïdie, qui, en même temps, peut aggraver les dommages rénaux, créant ainsi un cercle vicieux. Par conséquent, dans la gestion de ces cas délicats, une approche nuancée est impérative. Dans certaines situations, il peut être conseillé de traiter l'hyperthyroïdie de manière optimale, tout en surveillant et en gérant l'insuffisance rénale avec des interventions diététiques et médicamenteuses appropriées. Cette stratégie vise à contrôler les symptômes de l'hyperthyroïdie tout en essayant de minimiser l'impact sur les reins. Dans d'autres cas, il peut être jugé plus prudent de laisser le chat légèrement hyperthyroïdien afin de minimiser les symptômes de l'insuffisance rénale. Dans tous les cas, une évaluation des paramètres rénaux devrait toujours être effectuée conjointement au dosage de T4 lors des premiers suivis après le début d'un traitement ou avant un traitement définitif.


Traitement via une diète carencée en iode: L'une des options de traitement possibles pour l'hyperthyroïdie chez les chats est l'utilisation d'une diète spéciale carencée en iode, telle que la nourriture y/d commercialisée par Hill's. Cette nourriture contient très peu d'iode, crucial pour la production d'hormones thyroïdiennes. Néanmoins, cette stratégie a des limites, surtout dans les foyers avec plusieurs chats. Il est difficile de surveiller la consommation d'iode du chat traité, qui pourrait manger la nourriture des autres chats. De plus, les chats qui consomment des restes de table, des insectes, des plantes, ou de la nourriture pour enfants ou bébés tombée au sol ne sont pas de bons candidats pour ce traitement. En effet, l'iode est presque omniprésent dans ces aliments, et même une petite quantité peut perturber l'équilibre du traitement.


La patience est nécessaire avec ce traitement, car il peut falloir jusqu'à 8 semaines pour voir des résultats. Pendant ce temps, l'hyperthyroïdie peut continuer à affecter des organes vitaux comme le cœur et les reins. Dans les cas graves, il peut être conseillé de commencer un traitement médicamenteux pour stabiliser l'état du chat avant d'introduire le régime y/d. Lorsque ce régime est choisi, un bilan sanguin après 8 semaines est crucial pour contrôler les niveaux de T4, évaluer l'efficacité du traitement et surveiller les paramètres rénaux de l'animal.


Traitement via de la médication (méthimazole): L'utilisation de médicaments constitue une autre approche thérapeutique. Le méthimazole est fréquemment prescrit dans ce contexte. Ce médicament agit en inhibant l'enzyme thyroperoxydase, essentielle à la synthèse des hormones thyroïdiennes T4 et T3 dans la glande thyroïde. Il réduit ainsi la production de ces hormones, aidant à normaliser leurs niveaux. Généralement, ce traitement est plus efficace et stable qu'un régime alimentaire pauvre en iode, tel que le y/d. Le méthimazole se présente sous formes orale et transdermique.


  1. La forme orale du méthimazole: La forme orale est préférée pour le traitement de l'hyperthyroïdie, car son absorption est moins erratique et permet un meilleur contrôle de la condition. Sous forme orale, le méthimazole est commercialisé sous le nom de Félimazole. Habituellement administré en comprimés à raison de deux prises par jour, l'absorption est plus constante et stable.

  2. La forme transdermique du méthimazole: La forme transdermique est moins privilégiée pour traiter l'hyperthyroïdie féline en raison d'une absorption inconstante et d'une régulation thyroïdienne moins efficace comparée à la voie orale. Une hyperthyroïdie non maîtrisée peut causer des dommages rénaux, cardiaques et de l'hypertension. Le méthimazole transdermique, une alternative de dernier recours, s'applique sur l'oreille interne propre du chat, nécessitant des gants pour éviter l'absorption humaine. Une petite quantité est appliquée sans toucher le conduit auditif, en alternant les oreilles pour réduire l'irritation et améliorer l'absorption. Après l'application, évitez de toucher la zone et séparez le chat des autres animaux pour prévenir le léchage. Un nettoyage régulier de la face interne de l'oreille est essentiel avant chaque application pour éliminer les résidus et améliorer l'absorption.


Le traitement de l'hyperthyroïdie féline avec le méthimazole, administré oralement ou transdermiquement, débute avec une dose initiale faible. Cette dose est ajustée mensuellement, en fonction des résultats des tests sanguins, jusqu'à atteindre la dose optimale. Par la suite, dans un monde idéal, un suivi mensuel est recommandé, mais en pratique, un contrôle trimestriel est souvent suffisant. Des intervalles de contrôle plus longs, tels que semestriels ou annuels, peuvent être risqués si le dosage n'est pas approprié, entraînant potentiellement des dommages rénaux et cardiaques sur le long terme. Avant de mesurer le taux de T4, il est essentiel de s'assurer que le médicament a été pris régulièrement et sans omission de dose pendant 14 jours consécutifs. Un oubli, même minime, peut significativement altérer les résultats du test. Dans un tel cas, il est préférable de reporter le test. Les mesures de T4 sanguin sont plus fiables lorsqu'elles sont effectuées par des laboratoires externes. Bien que les laboratoires internes soient pratiques pour un diagnostic rapide, les laboratoires externes sont à privilégier pour un suivi régulier et précis. De plus, il est recommandé de surveiller les valeurs rénales lors des premiers suivis et de manière sporadique par la suite, afin de s'assurer qu'une insuffisance rénale concomitante n'est pas présente.


Traitement définitif à l'iode radioactif:

Le traitement définitif à l'iode radioactif est une option qui peut être envisagée pour traiter l'hyperthyroïdie chez les chats. Il vise à éliminer les cellules thyroïdiennes hyperactives, offrant ainsi la possibilité d'une guérison. Cette méthode utilise une forme radioactive d'iode, administrée par injection. Les cellules thyroïdiennes hyperactives absorbent cet iode, entraînant leur destruction et réduisant les niveaux d'hormones thyroïdiennes dans le corps. Ce traitement est généralement très efficace, mais peut aussi être coûteux. Il nécessite une hospitalisation spécialisée du chat pour une durée de une à deux semaines, afin que l'iode radioactif décroisse à des niveaux sûrs. Avant ce traitement, il est crucial de stabiliser l'hyperthyroïdie avec le Félimazole et de contrôler la fonction rénale par des analyses d'urine et de sang. Cette modalité de traitement n'est envisageable que pour les chats dont la fonction rénale est adéquate. Une fois l'hyperthyroïdie de l'animal stabilisée et la fonction rénale vérifiée, le traitement à l'iode radioactif devient une option envisageable. Bien que coûteux initialement, pour un jeune chat avec une bonne espérance de vie, cette option peut s'avérer moins onéreuse à long terme, car elle représente un traitement définitif sans nécessité de suivi régulier.


Prévention:

La prévention de l'hyperthyroïdie féline repose sur des contrôles vétérinaires réguliers pour un dépistage précoce, en particulier chez les chats de plus de 8 ans. Lors de ces contrôles, des prises de sang peuvent être effectuées, et un test de T4 devrait alors être réalisé. Ces examens permettent non seulement de détecter l'hyperthyroïdie à ses débuts, mais aussi de surveiller la santé générale de l'animal. Ils incluent l'observation des signes cliniques tels que les changements de poids, d'appétit, d'activité, et les habitudes urinaires.


Pronostic:

Le pronostic de l'hyperthyroïdie féline dépend fortement de la rapidité de sa détection et de l'efficacité du traitement mis en place. Si la maladie est diagnostiquée et traitée tôt et de manière appropriée, les chats peuvent continuer à vivre une vie de bonne qualité. Toutefois, le pronostic varie selon la réponse individuelle de l'animal au traitement et la présence de complications, telles que des maladies cardiaques ou rénales. Une surveillance continue, y compris des évaluations régulières de la fonction thyroïdienne et rénale, est cruciale pour ajuster le traitement si nécessaire et pour prévenir les complications. Il est important que les propriétaires soient vigilants aux changements de comportement ou de santé de leur chat et qu'ils communiquent rapidement toute préoccupation à leur vétérinaire.


Conclusion:

L'hyperthyroïdie féline, malgré sa complexité, présente généralement un pronostic favorable lorsqu'elle est gérée correctement. La clé du succès réside dans la détection précoce, un diagnostic précis, et un traitement personnalisé, adapté aux besoins individuels de chaque chat. Les options thérapeutiques varient, allant d'un régime alimentaire spécifique à des médicaments, en passant par la thérapie à l'iode radioactif, et doivent être choisies en tenant compte de l'état de santé global de l'animal, ainsi que des complications éventuelles. Le rôle des propriétaires est essentiel dans le suivi et l'administration régulière du traitement, ainsi que dans la surveillance continue de la santé du chat. Grâce à une collaboration étroite entre le vétérinaire et le propriétaire, l'hyperthyroïdie féline peut être gérée efficacement, permettant ainsi aux chats affectés de continuer à mener une vie de bonne qualité. En résumé, bien que sérieuse, l'hyperthyroïdie féline est une condition qui, avec une gestion attentive et un suivi régulier, peut être contrôlée efficacement, assurant ainsi le bien-être et la qualité de vie de nos compagnons félins.


Charles Vétérinaire

Vétérinaire à Montréal

514-444-5118

𝘤𝘩𝘢𝘳𝘭𝘦𝘴𝘷𝘦𝘵.𝘤𝘰𝘮

Nos cliniques sont fièrement indépendantes!

bottom of page