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📝Hernie discale chez le chien - Feuille de sortie

Dernière mise à jour : 11 févr. 2024

Introduction:

La colonne vertébrale des chiens, une merveille d'ingénierie biologique, est cruciale pour leur mobilité et bien-être. Entre chacune des vertèbres qui la composent se trouve un disque intervertébral, jouant le rôle d'amortisseur grâce à son noyau gélatineux, le noyau pulpeux, entouré par un anneau fibreux résistant. Cependant, la détérioration ou la rupture de cet anneau peut entraîner une hernie discale, provoquant la saillie ou l'éclatement du noyau pulpeux et la compression de la moelle épinière. Cette pathologie, fréquente chez les chiens, se manifeste sous deux formes principales, reflétant des causes et des symptômes distincts.


Étiologie:

La hernie discale chez les chiens résulte de plusieurs facteurs, notamment génétiques, physiologiques et environnementaux, qui affectent la santé et l'intégrité des disques intervertébraux. Il existe deux principaux types de hernies discales, chacun avec ses caractéristiques spécifiques:


  1. Hernie discale de type chondrodystrophique (Type I): Ce type est plus fréquent chez les races chondrodystrophiques comme le Teckel, le Basset Hound et le Corgi, caractérisées par des pattes courtes et une stature basse. Ces races présentent une prédisposition génétique à la dégénérescence précoce des disques intervertébraux, où le noyau pulpeux se dessèche et perd de son élasticité, conduisant à une rupture ou à une hernie. Ces changements peuvent commencer dès l'âge jeune, souvent entre 3 et 6 ans.

  2. Hernie discale de type non-chondrodystrophique (Type II): Cette forme est plus commune chez les grandes races telles que le Berger Allemand, le Labrador Retriever et le Boxer. Dans ces cas, le processus dégénératif est plus lent et implique l'affaiblissement progressif de l'anneau fibreux, souvent en réponse à des stress répétés ou à des traumatismes sur la colonne vertébrale. Les hernies de type II sont généralement moins dramatiques que les hernies de type I mais peuvent conduire à des symptômes chroniques.

En outre, des facteurs environnementaux tels que l'obésité, le manque d'exercice, ou les traumatismes peuvent également jouer un rôle dans le développement des hernies discales, indépendamment de la race. L'obésité, en particulier, augmente la pression sur la colonne vertébrale et peut accélérer la dégénérescence des disques. Des études ont également mis en évidence le rôle de l'âge, du sexe, et de la nutrition dans la prévalence de cette affection.


Symptômes:

Les symptômes d'une hernie discale chez le chien peuvent être variés et dépendent largement de la localisation et de la gravité de la compression de la moelle épinière. L'un des premiers signes observables est souvent une douleur évidente, qui peut se manifester par des gémissements ou une réticence à se mouvoir, notamment lors de tentatives de sauts ou de montées d'escaliers. Cette douleur peut être soit localisée (comme dans le cou ou le dos) soit plus généralisée. En plus de la douleur, les changements de comportement tels que la léthargie ou l'irritabilité peuvent être des indicateurs précoces.


La démarche de l'animal peut également être affectée, révélant une ataxie ou une instabilité, particulièrement dans les cas où la hernie impacte la colonne vertébrale thoracique ou lombaire. Cette faiblesse des membres peut varier d'une légère instabilité à une incapacité totale de se tenir debout. Dans les cas sévères, une hernie discale peut même entraîner une paralysie partielle ou totale, accompagnée parfois de perte de contrôle de la vessie et/ou des intestins.


Un examen neurologique peut révéler des réflexes diminués ou absents, et une sensibilité accrue au toucher dans certaines zones du dos ou du cou. En outre, dans les cas chroniques, une perte musculaire peut être observée en raison d'une réduction de l'activité et de l'utilisation des muscles.


Diagnostic:

Initialement, un examen clinique complet, comprenant un examen neurologique, est crucial pour identifier les signes de douleur, de faiblesse, ou de dysfonctionnement neurologique. Cet examen peut révéler des indices tels que des réflexes anormaux, une sensibilité accrue, ou une atrophie musculaire. Toutefois, un diagnostic définitif exige souvent l'utilisation de techniques d'imagerie avancées.


La radiographie standard, utilisée comme première étape en pratique générale, sert à exclure d'autres causes de douleur ou de dysfonctionnement, comme des fractures ou des tumeurs. Cependant, pour une visualisation précise de la hernie discale, des méthodes d'imagerie plus sophistiquées sont nécessaires. L'imagerie par résonance magnétique (IRM) est la technique privilégiée pour le diagnostic des hernies discales chez les chiens. Elle offre des images détaillées des structures molles, incluant la moelle épinière, les disques intervertébraux, et les nerfs, facilitant ainsi la localisation précise de la hernie et l'évaluation de l'impact de la compression nerveuse. L'IRM nécessite généralement une anesthésie générale pour maintenir le chien immobile et obtenir des images de haute qualité.


En résumé, un diagnostic précis de hernie discale chez les chiens repose sur une combinaison d'examen clinique, d'évaluation neurologique, et de techniques d'imagerie. Souvent, en clinique régulière, des radiographies sont réalisées pour écarter d'autres causes. Si la clinique est en accord avec une suspicion de hernie discale, que les radiographies ne montrent pas d'anomalies, et que les symptômes sont légers (pas de paralysie, pas d'incapacité à uriner, pas de perte de sensation profonde), un traitement médical est envisagé. En cas de symptômes graves ou d'absence d'amélioration malgré un traitement médical, une référence à un centre spécialisé pour une évaluation neurologique complète, incluant une IRM, est conseillée.


Traitement médical conservateur:

Dans le cadre du traitement conservateur de la hernie discale chez les chiens, plusieurs aspects doivent être pris en compte pour assurer une gestion efficace de la condition. Ce traitement est indiqué pour les cas où les symptômes sont modérés et ne comportent pas de complications graves comme la paralysie ou l'incontinence. Voici les éléments clés de ce traitement:


  1. Antidouleurs: Des médicaments comme le gabapentin sont souvent utilisés pour gérer la douleur neuropathique associée à la hernie discale.

  2. Anti-inflammatoires: Le traitement peut inclure soit des anti-inflammatoires stéroïdiens, comme une injection de dexaméthasone suivie de comprimés de cortisone à la maison, soit des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Il est crucial de ne jamais combiner les deux types d'anti-inflammatoires, car leur association peut être toxique.

  3. Repos strict: Le repos strict est un élément crucial du traitement. Pour les premiers jours, le repos idéalement en cage est recommandé pour limiter au maximum les mouvements de l'animal. La période de repos total devrait être de 4 à 6 semaines. Les sorties doivent être courtes et toujours en laisse pour contrôler les mouvements du chien et éviter tout effort susceptible d'aggraver la hernie. Il est important d'aider le chien dans ses déplacements, notamment pour monter sur le lit ou descendre les escaliers, afin de réduire la pression sur la colonne vertébrale. Il est essentiel de maintenir l'animal au calme et dans un environnement sécurisé pour favoriser une guérison efficace. Les interactions avec d'autres animaux ou des activités stimulantes doivent être limitées pour éviter toute excitation ou mouvement brusque qui pourrait nuire à la guérison.


Traitement chirurgical:

Le traitement chirurgical des hernies discales chez les chiens est envisagé principalement dans les cas graves ou lorsque le traitement médical conservateur ne donne pas de résultats satisfaisants. Ces chirurgies, qui nécessitent une expertise spécialisée, sont généralement effectuées dans des centres dédiés. Les motifs justifiant une intervention chirurgicale comprennent la paralysie, l'incontinence, la perte de sensation profonde, et l'absence d'amélioration malgré le traitement médical. Les études montrent que le taux de réussite de ces interventions est élevé, surtout si elles sont réalisées rapidement après le diagnostic. Environ 90% des chiens opérés pour une hernie discale présentent une amélioration significative. Cependant, les chiens ayant perdu toute sensation de douleur profonde avant l'opération ont un pronostic moins favorable. Les coûts de ces procédures peuvent s'élever à plusieurs milliers de dollars. Pour les chiens chondrodystrophiques, souvent de petites races, le risque de développer une hernie discale à un autre endroit après une première chirurgie est réel, en raison de leur structure vertébrale spécifique et de leur prédisposition génétique. La décision de procéder à une chirurgie doit être prise après une évaluation approfondie de tous ces éléments, en collaboration étroite entre le vétérinaire, le chirurgien spécialisé, et le propriétaire de l'animal.


Les principales méthodes chirurgicales sont:


  1. Laminectomie dorsale: Cette procédure implique la suppression d'une partie de l'os de la vertèbre pour accéder et retirer le disque intervertébral endommagé. Elle est souvent utilisée pour les hernies situées dans la région thoracique ou lombaire.

  2. Ventrale slot: Utilisée pour les hernies cervicales, cette technique implique une incision sur le devant du cou pour accéder à la moelle épinière.

  3. Fenestration: Cette méthode peut être utilisée pour prévenir de futures hernies en retirant une partie du noyau pulpeux des disques à risque.


Après l'intervention, une période de récupération est nécessaire, avec une surveillance étroite pour détecter toute complication comme une infection ou des problèmes neurologiques. La rééducation peut s'avérer nécessaire pour retrouver la mobilité et la fonction normales des membres. L'intervention chirurgicale, bien que couronnée de succès dans la majorité des cas, comporte des risques d'anesthésie, d'infection, de saignement, et de complications neurologiques. Le choix de la technique chirurgicale dépend de la localisation de la hernie, des symptômes présentés, et de l'état de santé général du chien.


Prévention:

La prévention des hernies discales chez les chiens implique plusieurs stratégies clés visant à minimiser les facteurs de risque et à maintenir la santé globale de la colonne vertébrale.


  1. Gestion du poids: Maintenir un poids corporel optimal est essentiel pour réduire la charge sur la colonne vertébrale et les disques intervertébraux. Une alimentation équilibrée et adaptée à chaque race et à chaque âge, associée à une activité physique régulière, est recommandée.

  2. Exercice approprié: Les activités physiques doivent être adaptées à la race et à la condition physique du chien. Éviter les activités à impact élevé telles que les sauts ou les jeux brusques peut aider à prévenir les lésions discales.

  3. Utilisation de harnais: Privilégier l’utilisation d’un harnais plutôt qu’un collier pour promener le chien peut aider à réduire la tension exercée sur le cou et la colonne vertébrale, en particulier chez les races prédisposées aux hernies discales.

  4. Environnement adapté: Fournir un environnement de vie adapté, doté de lits confortables et offrant un accès facile à toutes les zones de vie, peut également contribuer à prévenir les blessures. De plus, il est recommandé de porter l'animal dans ses bras pour descendre les escaliers, monter sur les lits ou les canapés, etc.


Pronostic:

Le pronostic pour les hernies discales chez les chiens dépend de plusieurs facteurs clés, notamment la gravité de la hernie, la présence de déficits neurologiques, et la rapidité de la réponse au traitement. Les chiens qui présentent des symptômes moins graves, comme la douleur sans déficits neurologiques, ont généralement un bon pronostic, surtout si le traitement est initié rapidement. Cependant, chez les chiens souffrant de paralysie ou de perte de sensation, le pronostic devient plus réservé, bien que la récupération soit encore possible avec une intervention chirurgicale appropriée et une rééducation intensive. La capacité de réaction à la douleur profonde est un indicateur important, car une réponse positive suggère un meilleur potentiel de récupération. De plus, l'âge, l'état de santé général, et les conditions préexistantes du chien influencent également le pronostic. Les jeunes chiens en bonne santé ont souvent de meilleures chances de récupération complète.


En ce qui concerne les hernies discales chez les chiens, les races chondrodystrophiques, telles que le Teckel, le Basset Hound et le Corgi, sont particulièrement à risque de récidives. Cette propension accrue est due à leur prédisposition génétique à la dégénérescence précoce des disques intervertébraux. Même après un traitement initial réussi, ces chiens sont susceptibles de développer de nouvelles hernies, souvent à différents endroits le long de la colonne vertébrale. Cette tendance à la récidive nécessite une surveillance continue et peut nécessiter des interventions répétées, qu'elles soient médicales ou chirurgicales. La gestion de leur condition implique souvent une approche à long terme, combinant des stratégies préventives telles que le maintien d'un poids sain, une activité physique appropriée, et potentiellement des modifications de l'environnement de vie pour minimiser le stress sur leur colonne vertébrale. La reconnaissance précoce des symptômes et une intervention rapide sont cruciales pour optimiser les résultats et minimiser le risque de complications graves.


Conclusion:

Pour conclure, la hernie discale chez les chiens représente un défi médical et chirurgical majeur, exigeant une prise en charge attentive et individualisée. Le succès du traitement repose sur un diagnostic rapide et précis, suivi d'une décision thérapeutique adaptée à chaque cas. Qu'il s'agisse d'une approche médicale conservatrice privilégiant le repos et les médicaments anti-inflammatoires, ou d'une intervention chirurgicale pour des cas plus critiques, la gestion de cette pathologie nécessite une évaluation détaillée des symptômes, de la localisation de la hernie, et de l'état global de santé de l'animal. Les techniques chirurgicales avancées, comme la laminectomie dorsale ou la ventrale slot, ont montré des taux de réussite élevés, en particulier lorsqu'elles sont appliquées promptement. Cependant, chaque traitement comporte ses propres enjeux et nécessite un suivi rigoureux pour prévenir les complications. Le pronostic varie en fonction de la sévérité des symptômes, les cas moins graves étant généralement associés à une meilleure issue, tandis que la paralysie indique un pronostic plus prudent. En outre, la prévention, à travers le contrôle du poids et une activité physique adaptée, joue un rôle crucial pour diminuer le risque de récidive et assurer la santé à long terme de la colonne vertébrale du chien.


Charles Vétérinaire

Vétérinaire à Montréal

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